Une pomme qui tombe et Isaac Newton (1642 - 1727) formule sa loi sur l'attraction des corps (F= mm'/r2) qui permet d'expliquer, non seulement la chute des corps sur terre, mais la trajectoire des corps célestes dans notre système solaire, à quelques petites exceptions près.
Albert Einstein (1879 - 1955) vient alors : avec ses théories de la relativité: il introduit la notion d'espace-temps qui se déforme au contact des grandes masses (galaxies, trous noirs...), il explique les exceptions à la loi de Newton et tente une explication globale de l'Univers.
Armés de ces deux théories fondamentales, disposant de télescopes de plus en plus performants et aidés par les satellites auxquels ils imposent des missions de plus en plus précises, les astrophysiciens commencent à mesurer précisément les mouvements des étoiles, des galaxies, des amas de galaxies... Or, pour expliquer les vitesses mesurées de ces corps célestes dans le cadre des 2 lois fondamentales, ils sont obligés de faire intervenir des corps inconnus: matière noire et énergie sombre, invisibles mais nécessaires pour que l'Univers se conforme à la théorie. Attitude qui s'apparente à un acte de foi et qui a fait ses preuves dans l'histoire des sciences, que ce soit pour la découverte des neutrinos ou, plus récemment, pour celle du boson de Higgs.
Cependant, au fur et à mesure des investigations, on s'aperçoit que ces "corps imaginaires" prennent des proportions gigantesques: on considère que, vis à vis du contenu de l'Univers, l'énergie sombre représenterait un pourcentage de 70%, la matière noire, de 25% et la matière ordinaire, visible, de seulement 5%.( "Science et Avenir" Février 2015 ). La "correction" devenant largement supérieure au phénomène observable, on est en mesure de se demander si les lois fondamentales s'appliquent réellement à l'échelle des millions d'annés-lumière qui est celle des galaxies. C'est ainsi que la théorie MOND (Modified Newtonian Dynamics), élaborée en 1983 par Mordehai Milgrom (1946 - ) et reprise en Décembre 2014 par Françoise Combes au Collège de France, suggère que dans les zones où l'attraction universelle est très faible, c'est une loi en 1/r (et non plus en 1/r2) qui s'appliquerait: une telle modification permettrait peut-être de se passer de l'hypothèse de la matière noire et d'expliquer la stabilité des étoiles périphériques des galaxies. L'expansion de cet Univers hétérogène, ainsi délesté de sa matière noire, devra-t-elle faire encore appel à autant d'énergie sombre? Pas de réponse pour l'instant.
De toute façon, il s'agit là d'un tournant considérable qu'il faut évidemment examiner avec beaucoup de prudence.