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23 février 2016 2 23 /02 /février /2016 19:11

Nous nous focalisons sur tous les individus qui, dans le monde, luttent simplement pour survivre dans la dignité. Et nous avons bien raison.

Mais ce faisant, nous ne considérons pas ce qui se passe à l'autre extrémité de la richesse du monde, sauf lorsque les extravagances des milliardaires agitent l'univers "people". Et pourtant leur cas a pris une telle ampleur qu'il peut impacter sensiblement la marche de nos sociétés. Car le forum économique mondial de Davos prévoyait, en Janvier dernier, que 1% de la population mondiale contrôlerait plus de 50% de la richesse de la planète en 2016. Le seul Bill Gates dispose d'une fortune de 80 milliards $, suivi d'autres localisés, pour l'essentiel, en Californie, dans la Silicon Valley. Il ne s'agit donc pas d'un problème marginal, mais mondial.

Une fois satisfaits leurs besoins personnels, aussi démesurés soient-ils, que faire de tout cet argent? Il semble que ces immenses fortunes se dirigent vers deux objectifs essentiels: les dons caritatifs et la recherche médicale pour allonger la durée de vie et les capacités humaines.

-- Pour le volet caritatif, B.Gates, en pointe dans ce domaine, a convaincu prés de 130 milliardaires de signer une "promesse de don" les engageant à donner au moins la moitié de leur fortune. 19 investisseurs ont déjà signé pour quelque 245 milliards $ et un grand nombre des jeunes philanthropes de la Silicon Valley affirment s'inspirer de cette approche qui cible notamment la santé infantile et maternelle. Notons que ce sont souvent les épouses qui pilotent ces œuvres caritatives.

-- Mais de nombreux membres de la nouvelle génération s'intéressent à l'autre extrémité du cycle de la vie humaine dans les pays développés, à savoir la lutte contre le vieillissement. Objectif final:"Guérir la mort". Les recherches médicales, financées par le passé aux 2/3 par le gouvernement fédéral, tenu d'agir pour le bien public, sont sponsorisées, à l'heure actuelle, par l'industrie privée, notamment par ces milliardaires qui n'ont de compte à rendre à personne et qui sont exaspérées par la lenteur du rythme des innovations. Ils estiment que les scientifiques sont motivés par la nécessité de publier et empêtrés dans un tissu de conflits d'intérêts: du coup, les scientifiques aux idées audacieuses seraient laissés sur la touche. Ils organisent des prix propres à faire pâlir les autres récompenses (comme le Nobel), pour récompenser les chercheurs les plus valeureux. Certains scientifiques redoutent que l'argent privé ne fausse les priorités de la recherche. "Que les riches financent les recherches pour pouvoir vivre plus longtemps alors que nous ne sommes pas encore débarrassés du paludisme et de la tuberculose, je trouve ça franchement égocentrique!" s'exclame Bill Gates. Car on peut craindre que les nouveaux traitements destinés à rallonger la vie (jusqu'à 150 ans par exemple) ne soient réservés qu'aux seuls riches. En plus, l'arrêt du vieillissement entraînerait des bouleversements sociaux d'une ampleur inédite (problème des retraites par exemple) et accroîtrait la pression sur les ressources naturelles et l'économie. F.Fukuyama, le père de "La fin de l'Histoire" conclut:"Je pense que la recherche sur la prolongation de la vie débouchera sur une catastrophe sociale majeure". On ne se trompe pas deux fois!

La France, qui jusque-là ne participait pas à ces recherches, va y être associée par l'installation à Paris, dès le 15 Septembre prochain, de "l'Université de la Singularité", financée par Google, et dont la mission est "Eduquer, inspirer et donner aux leaders la possibilité d'appliquer les technologies exponentielles pour traiter les grands challenges de l'humanité". Un concours national pour une bourse de 35.000 $sera également lancé.

Ces éléments sont tirés de Science et Avenir de Septembre 2015.

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